Les différents domaines de la recherche sur les inégalités, tels que la sociologie de
l’éducation et la sociologie de la mobilité sociale, sont féconds aussi bien du point de vue théorique
qu’empirique. Ils sont à l’origine d’une série d’études sectorielles sur différents aspects de
l’inégalité. Cette fécondité s’accompagne toutefois d’une fragmentation thématique et théorique de
la recherche sur les inégalités en plusieurs lignes de recherche communiquant à peine les unes avec
les autres. Par ailleurs, il n’existe pas d’état des lieux complet des recherches synthétisant les
résultats des études empiriques sur le développement des inégalités. Ainsi la recherche sur les
inégalités a besoin d’une réorientation conceptuelle. les tentatives allant dans ce sens devraient tirer
parti des progrès théoriques et méthodiques considérables réalisés par la recherche sur les inégalités
dans des domaines aussi variés que l’éducation, le marché du travail, la justice sociale, les
migrations ou le genre. la proposition soumise dans cet article repose sur deux piliers:
premièrement, une distinction nette entre hétérogénéités et inégalités; deuxièmement, une tentative
d’identification et de systématisation des mécanismes sociaux transformant de simples
hétérogénéités en inégalités sociales. nous considérons les hétérogénéités comme le point de départ
de ces mécanismes et les inégalités comme leur point d’aboutissement. À titre d’exemple, les
approches basées sur les phénomènes de „démarcation“ (boundary making) offrent des points
d’appui pour le programme esquissé.